Il y a plusieurs espèces de silence.
Celui, terrible et insupportable, de la solitude qui résonne et s'entrechoque contre les murs, qui enferme et désespère.
Celui, plus doux, qui invite à la patience parce que les mots que l'on attend sont occupés ailleurs, mais laissent une forme d'aura lointaine, murmurent une pensée certaine, promettent un retour imminent.
Et il y a celui qui m'entoure ce matin, que je n'ai pas envie de rompre. Il est plein de présences endormies, de rêves et de soupirs bienheureux, brisé parfois par un mouvement, une couverture que l'on remonte jusqu'à son nez. Ce silence est précieux, chaleureux et doux comme des bras aimants. Il protège des êtres qui ont grandi mais qui à ce moment, cernés de sommeil, sont redevenus minuscules dans leurs berceaux immenses.