La tresse, paru chez Grasset, est le premier roman de Laetitia Colombani, réalisatrice, actrice, scénariste et écrivaine française.
Ç'a été ma lecture de Noël et je n'ai pas été déçue. Loin de là ! Ces pages ont été un véritable cadeau !
Synopsis :
Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.
Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.
Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.
Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.
Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.
Ce roman me faisait de l’œil depuis un moment. Je voyais le visuel de couverture passer ici et là et lorsque l'occasion s'est présentée, je n'ai pas hésité une seconde ! Je pensais lire un récit, découvrir une histoire. Rien de tout cela. J'ai fait une rencontre.
Trois vies, trois femmes, trois
continents.
La tresse, c'est l'histoire de trois
femmes à trois points du monde. Rien ne semble les lier et pourtant...
Leur histoire est commune sous bien des aspects. À des kilomètres
de distance, elles vont affronter les épreuves, les difficultés,
redessiner ces lignes qui semblent toutes tracées, apprendre à
trouver leur place dans une vie qui paraît établie, redéfinir,
redistribuer les cartes et, enfin, avancer vers un nouvel horizon.
Pas de calcul, pas de stratégie. Juste
un pari. Un peu fou vu de l'extérieur, mais fervent pour ces femmes. À travers la question centrale de la dignité, on plonge au cœur de la sensation inexpliquée, mais profondément présente, consciente qu'il n'y a pas de fatalité.
J'ai cru au début de ma lecture à une rencontre de ces trois femmes à un moment du récit. Je croyais que tout résidait là, dans la résolution de cette énigme. J'ai cherché comment, élaboré des petites théories et quand j'ai compris... Ouah ! J'ai été touchée là : en plein cœur...
Trois femmes qui au fil du récit en
deviennent une même, partageant des émotions similaires malgré les
géographies, les accidents, les aléas. La diversité des cultures
se distord et des émotions voyagent d'un chapitre à
l'autre, d'un continent à l'autre.
La tresse, à travers la
métaphore des cheveux, c'est l'image de l'union, l'universalité.
Citation, page 114 :
Mon ouvrage avance lentement
Comme une forêt qui pousse en silence.
C'est une tâche exigeante que la
mienne
Une tâche que rien ne doit venir
troubler.
Je ne me sens pas seule, pourtant,
Enfermée dans mon atelier.
Je laisse parfois mes doigts à leur
étrange ballet
Et je songe à ces vies que je ne
vivrai pas,
À ces voyages que je n'ai jamais
faits,
À ces visages que je n'ai pas croisés.
Je ne suis qu'un maillon de la chaîne,
Un maillon dérisoire, mais qu'importe,
Il me semble que ma vie est là,
Dans ces trois fils tendus devant moi,
Dans ces cheveux qui dansent
Tout au bout de mes doigts.
La tresse, c'est aussi un ouvrage, métaphore du travail d'écriture, œuvre du temps sur les êtres et les corps. C'est la
composition d'une histoire. Une histoire scindée en trois, qui lie
trois récits de vie dont le point commun transcende le quotidien ancré dans les consciences.
Dans l'horreur ordinaire,
inacceptable, il y a une volonté qui ne se dit pas, mais qui
se ressent, ténue, qui se laisse porter au gré du vent et qui
traverse les cœurs et les frontières. Smita, Giulia et Sarah
écoutent cette voix discrète et bouleversent le convenu des
habitudes.
La tresse, c'est au bout du compte une
quête accidentelle mais salvatrice, inattendue mais providentielle
qui se pose sur le chemin de ces trois femmes. À travers cette quête,
les étapes se succèdent et les épreuves surmontées à
travers des passages initiatiques qui changent et font évoluer les
personnages. La tresse, c'est une ascension de trois cœurs qui
battent à l'unisson pour leur survie. Le cheminement de ces femmes ressemble à une errance et s'avère en fait un parcours réfléchi, répété, choisi,
étudié vers une forme simple du bonheur.
Citation des dernières lignes qui ne
révèlent rien, mais qui font vibrer tant de choses, page 222 :
Je dédie mon travail à ces
femmes,
Liées par leurs cheveux,
Comme un grand filet d'âme.
À celles qui aiment, enfantent,
espèrent,
Tombent et se relèvent, mille fois,
Qui ploient, mais ne succombent pas.
Je connais leurs combats,
Je partage leurs larmes et leurs joies.
Chacune d'elles est un peu moi.
Je ne suis qu'un lien,
Un trait d'union dérisoire
Qui se tient
À l'intersection de leurs vies,
Un fil ténu qui les relie,
Aussi fin qu'un cheveu,
Invisible au monde et aux yeux.
Demain, je me remettrai à l'ouvrage.
D'autres histoires m'attendent.
D'autres vies.
D'autres pages.
En résumé :
Lisez ce roman, que vous soyez homme ou femme, c'est une expérience, un voyage à travers le monde et à travers soi-même.
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