Mon retour sur le film "Dumbo"

Fiche technique : 
Film fantastique américain réalisé par Tim Burton
Bande originale : Danny Elfman
Sortie en France : 29 mars 2019
Société de distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures International
Durée : 112 minutes

Distribution : 
Colin Farrell (VF : Boris Rehlinger ; VQ : Martin Watier) : Holt Farrier
Eva Green (VF : Julie Cavanna) : Collette Marchant, la trapéziste française
Michael Keaton (VF : Bernard Lanneau ; VQ : Daniel Picard) : V. A. Vandemere
Danny DeVito (VF : Philippe Peythieu ; VQ : Sylvain Hétu) : Max Medici, le propriétaire du cirque

Synopsis : 
Les enfants de Holt Farrier, ex-artiste de cirque chargé de s’occuper d’un éléphanteau dont les oreilles démesurées sont la risée du public, découvrent que ce dernier sait voler...

Ceux qui me connaissent le savent, ou se doutent, alors autant le dire tout de suite : oui, j'ai pleuré. Et pas qu'une fois. Et pas qu'un peu. Voilà, c'est dit.

Ce film m'a touchée. C'est le point de départ de l'envie d'écrire cet article. Mais ce n'est pas le seul. Dumbo, c'est ce dessin animé bien connu (le long-métrage d'animation des studios Disney est sorti en 1941) et ce livre encore avant (histoire éponyme écrite par Helen Aberson et illustrée par Harold Pearl, parue en 1939). J'avais l'appréhension que ce chef d'œuvre de mon enfance (et de celles de mes filles) ne soit abîmé par la technique moderne, mais c'était sans compter sur l'approche de ce cher Tim Burton...

Bien sûr il n'est jamais plus à son avantage qu'au cœur de son univers propre, idéalement à la période d'Halloween, au milieu d'un cimetière joyeux où les tombes décrépites voisinent des arbres émaciés... Mais il faut avouer qu'après Miss Peregrin et les enfants particuliers, cette seconde collaboration avec Eva Green est une réussite. L'actrice, soit dit en passant, est plus belle et plus touchante que jamais sous les strass aériens de Dreamland. 

Tim Burton a su s'approprier le conte originel, faire des clins d’œil complices et peu à peu, s'est offert la liberté de composer autre chose. Le spectateur glisse vers cette nouvelle histoire en douceur, le fil conducteur restant l'éléphanteau.

Les thématiques brossées au départ sont prises à bras-le-corps et sublimées sous la lumière du réalisateur et grâce à la musique de Danny Elfman. La différence qui devient une exception exceptionnelle, le lien à l'enfance et l'amour filial sont centraux et quel meilleur lieu pour les glorifier, quelle meilleure scène pour les mettre en lumière qu'au cœur d'un cirque... L'empreinte moderne du culte de l'argent et du bénéfice tente d'y laisser sa marque. Le parc de Dreamland est à l'évidence un clin d'œil (cynique ?) au producteur Disney. Tim Burton prendrait-il des libertés avec son donneur d'ordre ? Je n'ai pas de réponse, mais cela m'amuse de le penser. En tout cas, le film sonne juste. Ce n'est pas qu'une refonte en film d'un dessin animé culte. Non. Tim Burton a insufflé de la magie dans ce film, comme il sait si bien le faire. Il parle dans sa langue à tous les âges et touche en plein cœur.

Dumbo est émouvant. On assiste à son ascension comme si c'était la première fois : Burton arrive à nous surprendre encore et on se laisse étonner par ce petit éléphant qui sait voler et transforme son infirmité en une chance. Autour de lui, le réalisateur fantastique place des personnages sortis de son imaginaire et ça fonctionne. Les enfants, notamment, deviennent les échos et la voix de l'animal. Ils grandissent avec et par lui. La place de la mère ou son absence m'ont bien sûr bouleversée, mais c'est surtout la symbolique de l'affranchissement qui est soulevée ici. Comment encourager son enfant à grandir ?  La "clé", c'est parfois l'encouragement à renoncer aux autres pour s'accomplir soi-même... Grandir, c'est, au-delà de ses parents, oser simplement devenir soi...