jeudi 24 décembre 2015

Voyage lunaire



38 ans - presque mon âge (si si !) - qu'elle ne nous avait pas fait cet honneur. Ça y est, nous y sommes, la pleine lune de Noël illumine notre réveillon. La fête se prépare à l'intérieur et je jette un œil dehors. Il fait nuit pourtant on y voit comme en plein jour... enfin, pour être exacte, disons plutôt que l'on y voit anormalement clair. Sous cette lumière blanche, les paysages habituels revêtent un caractère étrange, féerique. La route qui passe devant la maison s'éclaire et brille. Je me demande où elle mène ce soir.

Et puis, une idée me vient : si ce lieu en devenait un autre ? Je tends l'oreille. Un froissement de brindille, à quelques pas, m'alerte. Et je me demande si, caché dans les buissons là-bas, quelque chose ou quelqu'un ne m'observe pas en ce moment. Je souris à cette idée. L'obscurité peut me faire trembler, mais cette lueur diaphane qui baigne tout ce qui m'entoure est bienfaisante. Ce soir, je n'ai pas peur.
Je décide de prendre ce temps pour profiter de l'instant magique qui s'offre à moi. Je lève la tête et scrute les détails du ciel. Je tends le cou, me hisse plus haut pour saisir totalement cette vision. Et du haut de mon promontoire, je me projette en un autre lieu que je connais de mieux en mieux, qui s'est imposé à moi il y a quelques années et qui ne me quitte plus. Perchée en haut d'une colline, une forêt s'étend à mes pieds. J'entends les vagues s'écraser contre une falaise non loin. J'aime cet endroit paisible. A côté de moi, si près que je pourrai la toucher, je découvre une silhouette mince et petite. Avec ses cheveux courts, je ne saurais dire si c'est un garçon ou une fille. Je n'ose ouvrir la bouche craignant de faire fuir cette apparition.
Et puis, la réalité me ramène brusquement dans ma cour : une voix d'enfant m'appelle, insistante. Je baisse le nez vers une frimousse rousse qui sourit et enroule ses bras autour de moi. "Tu as vu ma belle, comme le ciel est beau ce soir..." Elle lève les yeux furtivement, hausse les épaules et lance un tonitruant : "Aller, on rentre maman, j'ai faim ! T'as pas faim, toi ?" Je souris. Les merveilles du ciel n'ont pas d'importance pour elle. Ce soir, ce qui compte c'est le festin, les rires et, au matin, les cadeaux.
Je la suis et range cette vision avec soin dans ma mémoire. Je sens qu'il faudra que je brode quelques lignes à partir de ce matériau brut. Ce soir, la lune est un cadeau que je poserai dans un chapitre, comme une fleur séchée entre mes pages. Mais je devrai l'habiller, lui offrir un contexte, donner un visage à ce personnage mystérieux... Ce sera une scène de révélation. La porte se ferme derrière moi. La lune continue sa progression loin de mon regard. Ma méditation se poursuit dans un coin de ma tête, presqu'à mon insu, jusque dans mon sommeil. L'écriture me harcèle et je la repousse pour ce soir. La fête commence.


Je vous souhaite de passer de très belles fêtes de Noël, pleines d'amour, de joie et de rêves...

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