Elle est une ombre dans mon roman, un personnage secondaire. Je n’ai donné à son visage que de vagues traits. Peu lui importe, elle sait qu’elle est belle. Sa propre opinion lui suffit. Le moment venu, elle joue son rôle, se pose sur les lignes, lance en sautillant sa réplique, puis, presque sans qu’on s’en aperçoive, sort du chapitre sur la pointe des pieds. On pourrait oublier son apparition. On se concentre sur les personnages principaux, ils occupent toute la place.
Elle ne me reproche pas son absence évanescente, tourne toujours le dos en faisant danser ses longs cheveux noirs. Ils constituent sa petite fierté. Je la surprends souvent à les enrouler autour de ses doigts en attendant le rappel. Elle est assise dans un coin de ma mémoire, les genoux repliés contre sa poitrine. Elle chantonne quelque chose que je ne comprends pas. Il m’est déjà arrivé de m’approcher discrètement, mais en m’apercevant, elle s’interrompt toujours.
Il y a peu de temps, je lui ai demandé ce qu’elle cachait. Elle a recouvert d’ombre son secret et a accepté de me l’avouer à la seule condition de lui donner une place bien à elle dans le roman. Depuis tout ce temps que je l’avais posée sur le papier, elle n’avait jamais rien réclamé. Alors, je me suis dit que je pouvais bien lui concéder un chapitre, persuadée qu’elle ne tiendrait pas plus de trois pages.
J’aménage un espace. J’écris : « Chapitre 15 ». Je décale tout ce qui suit. Je lui ouvre la voie. Elle sourit, puis frissonne et, finalement, avance sur la page blanche, sans plus me regarder. Elle a relevé ses cheveux en chignon pour ne pas être gênée par une mèche qui lui masquerait la vue de tout ce blanc. C'est un paysage de neige qu'elle habille de ses souvenirs. Elle s’étend sur les lignes, s’étire et confie son secret, son passé, son histoire. J'écoute les yeux fermés. Je me doutais un peu. Je me laisse bercer par sa musique que je n’avais jusque-là pas pris le temps d’apprécier.
L’encre coule et les pages défilent.
Elle ne me reproche pas son absence évanescente, tourne toujours le dos en faisant danser ses longs cheveux noirs. Ils constituent sa petite fierté. Je la surprends souvent à les enrouler autour de ses doigts en attendant le rappel. Elle est assise dans un coin de ma mémoire, les genoux repliés contre sa poitrine. Elle chantonne quelque chose que je ne comprends pas. Il m’est déjà arrivé de m’approcher discrètement, mais en m’apercevant, elle s’interrompt toujours.
Il y a peu de temps, je lui ai demandé ce qu’elle cachait. Elle a recouvert d’ombre son secret et a accepté de me l’avouer à la seule condition de lui donner une place bien à elle dans le roman. Depuis tout ce temps que je l’avais posée sur le papier, elle n’avait jamais rien réclamé. Alors, je me suis dit que je pouvais bien lui concéder un chapitre, persuadée qu’elle ne tiendrait pas plus de trois pages.
J’aménage un espace. J’écris : « Chapitre 15 ». Je décale tout ce qui suit. Je lui ouvre la voie. Elle sourit, puis frissonne et, finalement, avance sur la page blanche, sans plus me regarder. Elle a relevé ses cheveux en chignon pour ne pas être gênée par une mèche qui lui masquerait la vue de tout ce blanc. C'est un paysage de neige qu'elle habille de ses souvenirs. Elle s’étend sur les lignes, s’étire et confie son secret, son passé, son histoire. J'écoute les yeux fermés. Je me doutais un peu. Je me laisse bercer par sa musique que je n’avais jusque-là pas pris le temps d’apprécier.
L’encre coule et les pages défilent.
Merci Alexandra ! Cela me parle très fort ! Ou plutôt non, ...très doucement, cela glisse dans mes cellules, et je me laisse bercer...
RépondreSupprimerMerci Caroline :-)
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