Quelques séances d'atelier se profilent avant l'été. Encore. Enfin.
Nous avons exploré hier l'univers des couleurs. Nous nous sommes improvisés peintres des mots.
- Lectures : Voyelles d’Arthur Rimbaud, extrait de Retour au calme « Les couvreurs » de Jacques Réda, extrait de L’étranger d’Albert Camus, Bonhomme bleu marine d’Anne Sylvestre, extrait des Soucis du ciel de Claude Roy et observation de la peinture de Monet : La femme à la robe verte
- Exercices successifs :
- Faire une liste de 10 couleurs. En choisir une.
- Attribuer à cette couleur 3 adjectifs, 3 noms et 3 verbes. Ne retenir qu’un adjectif, un nom et un verbe.
- Premier travail d’écriture : écrire 5 lignes ayant pour titre la couleur choisie et intégrant les 3 mots retenus.
- Second travail d’écriture : écrire une suite au texte 1 où apparaît un personnage-couleur.
- Troisième travail d’écriture : après une lecture en binôme des textes écrits, réécrire le texte ou écrire une suite prenant en compte les remarques échangées (ressentis, critiques et développements proposés).
ROUGE
Soleil éclatant des soirs d’été,
Cœur de chaleur qui illumine la flamme,
Plaie écarlate d’une muette douleur,
Nuance extraite du fond de la nuit,
Rouge, tu fascines, tu effraies, tu rayonnes.
Et quand tu t’animes, c’est toute la lumière, toute la chaleur qui auréolent ton mystère.
Je t’appelle Rouge quand d’autres te donnent un prénom ordinaire. Ils voient tes cheveux et l’éclat de tes yeux, mais ils ne te voient pas comme je te vois moi. Ils se laissent bercer par la douceur d’un ciel bleu ou sourient tendrement face aux près verdoyants. Ils te fuient du regard, n’osent te fixer longtemps, comme si tu étais un soleil flamboyant. L’instinct leur dicte une conduite mais ils n’osent aller au bout du raisonnement. Le supporteraient-ils seulement ? Car, Rouge, tu es l’ambivalence, à la fois douceur et violence.
Je t’observe en silence bel éclat écarlate dans l’écrin d’une pièce sombre. Je ne vois pas ton visage. Tu as perdu ton corps. Tes cheveux incandescents sont le seul indice de ta présence. Je ne vois pas tes yeux, mais je sens ton regard, doux rayon rougeoyant. Tu attends que je partes et que la nuit s’achève. Tu attends le soleil, il célèbre ton heure, il ramène la couleur et l’éclat de ton rire. Tu attends de pouvoir étirer tes nuances sur l’épais fil du jour. Tu laisseras éclater le rose et l’oranger. Tu seras vive et sombre quelle que soit la saison. Le règne des couleurs chantera tes louanges. Tu attends tout cela qui arrive bientôt. Patiemment repliée, petite goutte grenat, tu scrutes la lumière, dans la roche de la nuit.