L’histoire l’appelle. C’est un moment rare, elle ne se précipite pourtant pas. Elle enroule ses cheveux, puis les laisse retomber dans son dos ; elle aime la sensation de ses cheveux qui coulent dans son dos. Elle se lève du bord du monde où elle repose toujours et fredonne cette mélodie de mystère dont elle se pare souvent. Je connais cette chanson maintenant. Je sais l’amour perdu et l’espoir de le voir revenir. Toute à cette nostalgie, je n’ai pas osé lui dire, que ça n’arrivera pas.
Elle avance sur les pages, de cette façon qui n’appartient qu’à elle : au fil des lignes, elle s’affiche et disparaît. Elle est là et l’instant d’après se laisse comme absorber par le papier. Elle aime trop le secret pour laisser sa trace ici. Elle est l’absente, la « déjà-remplacée ». C’est sa nature, elle en a fait son parti, a cessé de lutter. Chacune de ses apparitions est mesurée. Et encore une fois, ici, elle est à moitié là.
Cet endroit est pour elle, elle s’y étire délicatement, prudemment, sur de nombreuses pages. Mais la fin du chapitre approche. Pour faire encore durer l'instant, elle trouve un stratagème, allume une cigarette. Je ne savais pas qu’elle fumait. Elle me confie que c’est son travers, sa fête.
Entre deux inspirations, elle fait résonner face à la mer, un peu encore, ses rêves passés et ses espoirs improbables. Je l’écoute fascinée par la fumée qui monte dans la nuit. Cependant, le point final est là, quelques lignes plus bas. Ni elle, ni moi, ne pouvons plus longtemps l’ignorer. Elle accepte son sort, sourit et déjà se consume : son corps s’évapore, elle devient impalpable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
1. Saisissez votre texte ci-dessous
2. Sélectionnez un profil
3. Cochez la case "M'informer", pour être avisé d'une réponse à votre commentaire
4. Publiez (le message sera affiché après modération)
Merci pour votre contribution :)