Je tends la main, dans un geste machinal. Sa petite main se glisse dans la mienne, sans un mot, sans un regard, comme attirée par un aimant. Nous marchons dans cette rue, traversons une route. Mon cœur palpite, je pressens le danger qui nous frôle. Je veux être un rempart, mais je suis plus fragile puisqu’elle n’a pas cette peur.
Sa peau est douce et chaude, et si petite. Elle serre légèrement mes doigts, perdue dans ses pensées, fatiguée par la journée. Elle me suit aveuglément. Je pourrai l’emmener au bout du monde. Nous n’avons encore échangé aucun mot et pourtant nous nous sommes tout dit par ce langage muet des yeux : elle a passé une bonne journée, elle est heureuse de me voir et satisfaite de constater que sa joie est, ô combien, partagée.
Dans l’air, il y a quelque chose qui me fait sourire : ça sent la fraîcheur d’été, le fruit désaltérant, fraîchement coupé. J’ai soif de respirer ce parfum. Je souris d’une parole que je ne lui dis pas. Non je ne veux pas briser ce silence, sorte de ligne d’équilibre dans notre paysage. Il y a tant de confiance et d’amour dans ce silence. Il y a le respect de la parole non dite. Il y a la patience de l’attente face à la parole à venir. Il y a la certitude que le mot reviendra dans toute sa tendresse.
Et puis, il y a ce lien éternel de cette petite main dans la mienne. Cette main qui sera toujours petite pour ma paume, qui aura toujours la texture de la peau d’un enfant. Même à l’âge adulte, ce sera une toute petite main. Même lorsque ma main sera sillonnée de rides. Même lorsque ma main ne pourra plus rien serrer. Même lorsque ma main ne sera plus que cendres, sa main à elle sera toujours celle, minuscule, de l’enfant qu’elle est aujourd’hui. Le temps peut bien passer, il ne changera pas ceci : j’ai tenu dans ma paume un instant, un trésor, une pépite d’or immuable couleur peau.
Je suis saisie, bouleversée.
RépondreSupprimerDans ce tourbillon immaculé de silence,le cœur parle.
Je chéris cette joie qui me dit "tout est vrai et ce qui est vrai ne meurt jamais. Tout est vrai et cela n'est jamais né, c'est éternel comme cet instant..
Ce silence, cette vacuité lumineuse, cette bulle de rien au milieu de tout, c'est l'amour qui chante!
Merci à la belle princesse de l'autre côté du ruban de la rue!
Nous sommes les facettes d'un même diamant. Il n'est pas perdu. Il est là, dans la poche de notre cœur.
Merci Caroline pour ces mots magnifiques. Je suis émue de lire cet écho de joie que je prends et que je partage avec mes muses :-)
Supprimer