Pause

Salma est partie pour quelques semaines au Liban, suspendant le rythme des ateliers d’écriture. Les samedis retrouvent un goût d’ordinaire. Que faisais-je alors avant de connaître Salma ?

Je me souviens. L’écriture a la couleur de la nuit. Noire comme l'encre sur le papier. Aux frontières du jour, je me replie sur mon imaginaire. Aux frontières du jour seulement, pour ne pas empiéter sur le quotidien, ne pas manquer la danse, le jeu aux règles changeantes, pour écouter les chansons et les récitations, distribuer les mots doux qui succèdent aux disputes, poursuivre des rires d'enfants qui fuient le bain, papillonner sur la lecture du soir, donner les bisous par milliers, puis écouter les souffles dans les petits corps ensommeillés…

Salma m'a montré l'écriture sous un angle lumineux. En plein jour, elle m’a offert le calme et le silence pour composer sur des sujets imposés, bien loin de mon univers romanesque. Elle a secoué mon confort, mes habitudes. Elle m’a déstabilisée la plume et je me suis surprise à sortir de chaque atelier la tête haute, si haute qu'elle atteignait presque les nuages gris de janvier. Sans ressentir l’angoisse de la page blanche, le doute m'a frôlé quelques fois. Mais vite, il s’est évaporé, emporté par les lectures inspirantes de Salma. 

Merci pour les conseils, les éléments de méthodologie qui me manquaient, la poésie des lectures choisies à chaque séance et surtout pour ton regard toujours bienveillant qui a su instaurer un climat de saine confiance au sein du groupe. Nous avons compris très vite que nous pouvions confier, sans appréhension, nos écrits tous juste posés sur le papier à l’assemblée réunie autour de toi.

Le dernier samedi, tu m'as dit : "Il n’y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous."* Je crois que c'est vrai. A bientôt, Salma !

* Citation de Paul Eluard.