mercredi 16 mars 2016

Atelier d’écriture du 12/03/2016 : les turbulences du corps 1/2


Je retrouve, en mars, Salma Kojok pour deux ateliers d’écriture. 
Le 12 mars, nous nous sommes intéressés au corps. La séance fut dense, avec deux propositions d'écritures sur le visage puis sur le corps. J'ai écrit deux textes très différents que j'ai choisi de mettre en ligne en deux temps pour leur laisser à chacun une place bien distincte.  

Introduction : Ecrire le corps c’est dire le personnage, ses émotions, ses transformations, dans ce qu’il a de plus intime. La joie, la douleur du corps, c’est aussi quelque chose d’universel.
1er temps de lecture : 
- un poème de Zones de turbulences d’Abdelatif Laâbi
- le chapitre 18 des Personnages de Sylvie Germain 
- l’incipit de L’Amant de Marguerite Duras

1re proposition d’écriture : les transformations du visage 
1. Faire la liste des visages vus depuis le matin et leur attribuer un qualificatif (mot ou expression)
2. A partir de l’un de ces visages, écrire un texte dont le titre est "Histoire d’un visage" 
3. Ce texte doit commencer par : "Son visage est un palimpseste."
4. Durée de préparation : 20 minutes

Histoire d’un visage
Son visage est un palimpseste. Elle se lève en colère. Ce n’est pourtant pas son habitude. Elle porte ses grands yeux encore ensommeillés avec énergie aux bords de son front. Ils paraissent voilés. L’horizon sur lequel ils s’ouvrent d’ordinaire semble obscurcit de brume. Pas de sourire ce matin. Ses lèvres sont pincées. 
"Ca va, ma doudou ?" Elle ne me répond pas. Je dois avoir cette mine que j’adopte malgré moi quand j’essaie d’arrondir les angles. Elle vient s’asseoir devant son petit déjeuner, juste à côté de moi. Elle reste raide un instant face à sa tasse. Son appétit ignore fièrement l’odeur du chocolat chaud qui caresse ses narines palpitantes. Je passe une main sur sa joue, comme si je voulais y effacer une trace, une larme, et la magie opère. Elle ne boude jamais longtemps. Un sourire se dessine très fin sur sa bouche rendant à ses lèvres leur souplesse tendre. Elle pose un instant sa tête sur mon épaule, puis se tourne vers son petit déjeuner. Le chocolat d’abord. Toujours. Elle boit par longues et lentes gorgées. Ses yeux se perdent à chaque fois un peu plus dans la buée d’un songe inachevé. Je la laisse s’évader, ma douce rêveuse, dans ce monde où elle se réfugie souvent. Je garde le silence, mesure chacun de mes gestes pour ne pas troubler cet état de réflexion si profond qui la coupe de tout ce qui l’entoure et qui fait d’elle une fée merveilleuse.
Dans ce contexte de silence bienveillant, Manon émerge de la salle de bain d’un bond tonitruant : "Maman, tu peux me choisir une jupe et un collant pour aujourd’hui ?" Je reste figée un instant. Le charme est rompu. Manon attend ma réponse en soulevant les sourcils avec importance. La patience de Manon n’existe pas. Une seconde pour elle est un éternité. J’acquiesce vivement et me tourne vers Mélissa qui, comme je m’y attendais a retrouvé ce pli mécontent au coin de sa bouche. Ses premiers mots sont pour sa sœur : "Tu te rends compte, Manon, que tu m’as réveillée à parler fort ce matin ?!"

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