Atelier d’écriture du 12/03/2016 : les turbulences du corps 2/2

Voici le deuxième temps de l'atelier d'écriture du 12 mars, animé par Salma Kojok. Le premier texte Histoire d'un visage était un portrait en mouvement. Etendons maintenant la toile au corps tout entier. Outre les textes lus en introduction de ce temps d'écriture, je me suis particulièrement intéressée au titre de l'atelier : les turbulences du corps.

2e temps de lecture : 

- passage du tome 1 de Dans la main du diable d’Anne-Marie Garat

- nouvelle extraite de Liturgie de Marie-Hélène Lafon

2e proposition d’écriture : 

1. Relever des mots ou expression dans les deux précédentes lectures.

2. Avec ces 5 des mots / expressions (en gras ci-dessous), écrire un texte qui montre le corps

3. Ce texte commence par « Il/elle est seul(e) dans sa chambre… »

4. Durée de préparation : 15 minutes

Elle est seule dans sa chambre. Elle ferme les yeux dans une ultime tentative pour y voir clair. Hors d’elle-même, les émotions la submergent. La colère fige ses membres. Elle est emprisonnée dans un corps crispé de rage, encombrement sensuel et désolant. Une partie d’elle, infime, est parvenue à s’extraire et observe ce qu’elle est en ce moment d’un œil critique, presque clinique, comme sur une chair morte. Elle se regarde à travers une serrure. La vision est entravée mais elle surprend ce pli à la commissure des lèvres. Elle concentre son attention sur ce détail qui dit tout son trouble, toute sa détresse. Cet infime pli à la commissure d’elle-même. Les mots de la dispute tournent dans la pièce. Elle ne peut leur répondre ou s’excuser. Elle a perdu sa bouche au détour d’une porte claquée. Elle se replie dans sa fierté. Ses épaules sont raides autour de son cou, rempart protecteur contre les regrets et la peur. Tous ses muscles sont tendus. Ses yeux ne voient plus rien que le souvenir des cris. Ils sont secs des larmes qu’elle ne versera pas ce soir. Finalement, elle serre les poings, comme un dernier réflexe pour accueillir sa colère, et sort affronter à nouveau le flot de la vie.