En littérature, les fenêtres sont des zones de contact entre deux mondes distincts : l’intérieur et l’extérieur, le dehors public et l’intérieur intime. La fenêtre dilate l’espace, montre les bruits, les odeurs, les images.
Lectures :
- extrait de « Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson
- extrait de « La Terre nous est étroite », poème tiré du recueil « Sur la Terre » de Mahmoud Darwich
- extrait de « Sur la photo » de Marie-Hélène Lafon
Proposition d’écriture :
1. Choisir une fenêtre et faire l’inventaire de ce que l’on voit depuis cette ouverture (Salma me propose de parler par les yeux de l’un des personnages de mon roman).
2. Vue vers l’extérieur : écrire, en 20 minutes, un texte ayant pour titre « La fenêtre », dont la première phrase est « La fenêtre donne sur une cour ». Dans ce texte, utiliser 3 éléments du précédent inventaire et montrer des images, des lumières, bruits, des odeurs…
3. Relire le texte et réécrire des passages pour en renforcer la narration (ma réécriture s’est concentrée sur le positionnement de la narratrice qui était hasardeuse dans la version initiale).
La fenêtreLorsqu’elle ouvre les yeux ce matin, il ne fait pas froid. L’hiver a été long, mais ça y est, elle en est sûre, il prendra fin aujourd’hui. Elle pose le pied à terre et regarde par la fenêtre. Le jour se lève à peine. Il est trop tôt pour voir briller le soleil.
La fenêtre donne sur une cour étroite, en terre battue. Cette cour s’ouvre sur une route à droite, mais elle ne peut la voir d’ici. Face à elle, en ce moment, il y a seulement la cour, son vélo appuyé contre la remise et la forêt qui paraît envahir tout et se refermer autour de la petite maison comme une prison de verdure. Une prison de nature plutôt, puisque le brun de la terre se mêle et se confond à celui des branchages encore nus des arbres environnants. Douce prison où le vent est libre de voyager, emportant avec lui les bruits d’autres mondes, lointains, irréels, passés, oubliés.
Elle se met debout et s’approche, fascinée, de l’ouverture sur ce paysage en éveil. Elle s’immobilise contre l’encadrement de la fenêtre lorsqu’un oiseau apparaît. Il se met à sautiller au sol à la recherche d’une nourriture invisible.
Une brise légère souffle au dehors faisant joyeusement cliqueter les branches où de minuscules bourgeons vont bientôt se former. Comme toujours le vent s’est paré de l’odeur de la terre humide encore de la nuit et aussi du sel de la mer dont les vagues s’écrasent incessamment sur la grève non loin.
L’oiseau s’envole. Il bat à peine les ailes et se perd dans le bleu du ciel sans faire le moindre effort. La tête levée, elle reste suspendue un instant à ce morceau de bleu qui se détache entre les branchages, là-haut, à travers la vitre. C’est une autre fenêtre qui s’ouvre sur un horizon de lumière et de couleurs. Par l’esprit, elle prend son envol, accompagne l’oiseau. Elle voit les teintes d’orange et rose qui s’étirent sur la mer, puis, les rayons de soleil qui avancent dans le ciel et chassent la nuit, chassent le froid. Elle assiste, avec la même surprise à chaque fois, au spectacle du jour qui s’éveille.
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