Atelier d'écriture du 23 janvier 2016 : « Les bruits du monde »

Avant dernier atelier d'écriture et je fais une pause dans le tumulte du week-end pour me replier une fois encore à la médiathèque de Tonnerre. Aujourd'hui, Salma Kojok va nous parler des bruits du monde, va nous lire l'expression du bruit, va nous guider pour faire résonner le bruit dans notre écriture.

Salma a commencé par nous faire plusieurs lectures :

• Une lettre d’Anne Goscinni à son père disparu (dont l’absence se manifeste par la disparition du bruit des clés de son père) ;
• Un extrait d'Histoire de bleu de JM Maupois, avec le poème "Le bleu de fait pas de bruit", ou comment dire le silence des choses ;
• Un passage de l'ouvrage de Prisonnier au berceau de Christian Bobin, pour ressentir le bruit d’un dimanche à peine audible ;
• Lecture de 2 moments de l’enfance dans Petites scènes capitales de Sylvie Germain.

Consigne d’écoute : 
Relever les mots qui font bruit (ou silence) 

Exercice d'écriture : 
1 : Ecrire un texte de 5 phrases intégrant 4 des mots relevés précédemment et commençant par : "Le bruit que fait un dimanche".

2 : Ecrire en 30 minutes un texte intitulé "Bruits d’enfance" et dont la première phrase commence par : "De toute part arrivaient des bruits."

Ces deux textes peuvent être la suite l’un de l’autre.

3 : Relever un mot dans le texte composé et l’offrir à son voisin de table. 
J’ai choisi "bourdonne" que j'ai offert et ai reçu "s’entrechoquer." 
Avec ce mot, composer une phrase qui conclue le texte composé précédemment (ou pas).

Mes trois exercices font suite…

Bruits d’enfance

Texte 1 :

Le bruit que fait un dimanche à la campagne, c’est d’abord le silence des réveils aux aurores. Les paupières restent closes et l’esprit aux aguets écoute le soleil se lever. Avec lui, toute une faune s’anime dehors, miaule, caquète, jacasse, réclamant sa pitance. Puis le souffle d’un murmure traverse la cloison depuis la pièce voisine. De petits pas cliquètent jusqu’à la cuisine qui bourdonne tout à coup de la valse des placards, de la vaisselle et des odeurs de pain grillé.

Texte 2 :

De toute part arrivaient des bruits maintenant. Se résoudre à quitter le sommeil. Accepter l’idée de devoir attendre le soir pour se reposer encore. Elle chasse ces pensées et se dresse dans le lit, d’un coup sans plus réfléchir. Ca y est, elle est debout. La journée commence. La femme enfile sa robe de chambre, ses chaussons et sort de la pièce à pas feutrés. Son mari dort encore. Il n’a pas attendu l’animation ténue qui gronde en dessous. Il n’entend jamais.Elle s’arrête en haut des escaliers. Un pas de plus et le bois des marches lancera un craquement sournois. Un pas de plus et elle sera démasquée. Elle s’arrête, consciente que cette parenthèse anonyme ne pourra pas durer et elle écoute. Dehors, les poules déplacent les pierres à la recherche d’une fructueuse trouvaille. Elle s’occupera des volatiles plus tard.Elle tend un peu plus l’oreille, comme pour isoler les bruits de la cuisine. Les sons deviennent alors des images. La casserole lourde de lait, posée avec fracas sur la plaque. Une exclamation étouffée et une succession de chuchotements :"Oh ! T’en as mis plein par terre !- Chuuuut !"Des bruits de pas légers succèdent au silence. Quelqu’un ouvre le robinet. Le débit est trop fort et l’eau coule trop longtemps. La femme écoute et voit par l’esprit la plus petite sur la pointe des pieds essayant d’atteindre le filet d’eau du bout des doigts. Sans doute ses manches sont-elles trempées et l’éponge gonflée d’eau goutte-t-elle sur le sol incapable d’absorber le lait renversé.La femme attend encore un peu, attendrie par la scène qui se joue en bas. Elle est le témoin indiscret de la vie de ses enfants. Si elle descend maintenant, elle deviendra la mère qui range, ordonne, nettoie, qui gronde aussi. Ce matin, elle repousse le moment d’endosser ce rôle. Immobile, en haut des escaliers, elle sourit et écoute ses enfants grandir.

Phrase 3 :

Dans la cuisine, les sons s’entrechoquent et sonnent déjà comme l’écho d’un avenir qui commence.