dimanche 18 décembre 2016

Atelier d'écriture du 10/12/2016 sur l'eau


J'ai animé le 10 décembre un atelier d’écriture sur le thème de l’eau et plus particulièrement : l’eau comme miroir de l’âme. 
L'eau est en effet un élément propice à la création poétique. La variété des formes de l’eau en fait un miroir de l’âme humaine, une matière propice aux sentiments multiples.

1. Lectures de passages extraits de l’introduction de L’eau et les rêves de Gaston Bachelard
Retenir 5 mots ou expressions et les replacer dans un petit texte de 5 lignes

2. Lectures de Romances sans paroles de Verlaine et du Rythme des vagues (extrait du Cahier Rouge) de Coppée.
Retenir 5 mots ou expressions et les replacer dans un texte qui sera la suite (ou pas) du premier texte.

Voici ma production du jour :
Elle chante, l’eau vive.
Elle me ramène dans ce passé lointain que je croyais oublié. Dans les contours de sa voix, dans les ondulations de sa musique, le souvenir revient. Elle emporte ma pensée dans ses flots lents et calmes. Elle est l’âme songeuse dans les échos du temps et je suis à nouveau l’enfant discrète et sage qui jouait dans les plis d’une forêt d’autrefois. Je me perds une fois encore au bord des eaux dormantes. Je revois les galets qui rebondissaient sur l’onde, dessinant de longs cercles éphémères sur les flots immobiles. 
Je ressens à nouveau la mélancolie de ces jours d’été où je cherchais l’ombre pour fuir la trop lourde chaleur. Avide de solitude, je me recroquevillais sous les arbres figés. Et dans un silence effarant, je rêvais de mouvement. J’imaginais le bruit, le fracas, les falaises. J’inventais des paquets de mer lourds. Par l’esprit, je les portais du bout de mes bras courts jusqu’à ce morceau de terre fait de sonores cailloux, de stridents coquillages. Je jetais au large les vagues gigantesques et les regardais revenir, monstrueuses, droit vers moi, en tremblant de rire. Elles ralentissaient à mes pieds pour se rouler, comme des chiens fous sur la plage inventée. 
Je faisais d’une mare une mer toute entière. Je respirais le vent qui sifflait dans mes cheveux, embaumant la forêt du sel des océans. Je naviguais à son bord vers des terres mythiques. Et une fois découvertes, j’inventais d’autres lieux pour partir encore vers de nouvelles quêtes. Je voyageais alors sur des chemins brumeux que je croyais connus de moi seule. Et, ce soir, après tout ce temps, l’eau vive chante encore. Elle murmure mes errances, comme un aveu complice de mémoire partagée.

dimanche 4 décembre 2016

Ma lecture du recueil "Mémoires de corps" de Johanna Almos


J'avais été saisie par les mots inscrits en quatrième de couverture. J'avais retardé le moment de me plonger dans ce livre car je me doutais que ce serait dur. Je n'imaginais pas que ce serait merveilleux aussi.

dimanche 27 novembre 2016

Mauvais rêve



C'est l'heure.
Je lui ferme les yeux. Il imagine déjà les contours d'un rêve. Mais, pour lui, ce soir, il n'y aura pas de repos. Je fais fuir le sommeil. Et derrière ses paupières closes, j'ouvre les portes d'un autre monde.

dimanche 6 novembre 2016

La croisée des chemins



Face à moi, la feuille est blanche. Je la contemple comme un grand vide. J’ai le vertige. Je me laisse un peu griser par ce frisson qui ne m'effraie plus, puis je l’appelle. Elle apparaît aussitôt, me prend par la main. Nous avançons côte à côte, en silence. Le chemin se dessine sous nos pieds.

dimanche 16 octobre 2016

Ballade contée


J’avance en cette forêt comme en terre étrangère. Ici et là, je trouve des points de ressemblance avec cette lointaine cousine bâtie de mes mains. Là-bas, la cime des arbres côtoie le ciel, se perd dans les nuages, se laisse bercer par le vent. Alors qu’ici, de la voir de mes yeux, tout me paraît exagérément petit, trompeusement réel. Et pourtant, j'avance.

dimanche 18 septembre 2016

Atelier d’écriture du 3 septembre 2016 : « Détours »


Lecture de passages du roman de Nancy Huston « Bad girl – Classe de littérature »

Ecrire un texte où l’on s’adresse à un personnage que l’on nomme en intégrant 2 mots ou expression relevées lors des lectures : 

Tu es là, invisible, cachée dans l’ombre, silencieuse. Mon cœur est suspendu à ce geste qu’une fois encore tu ne feras pas. Au milieu de ce tout qu’est le monde, ta présence s’impose sous forme d’absence.

dimanche 14 août 2016

Ancrage


Nous déambulons dans les rues de Paimpol à la recherche du marché. Nous longeons le port et suivons le flot des passants au panier vide, qui croisent en sens inverse, ceux dont la démarche lourde indique que leurs paniers sont remplis de produits colorés. Nous n’avons ni sac, ni panier, mais nous avons faim, prêt à nous laisser surprendre par les étals de bord de mer.

dimanche 7 août 2016

Errances


La bouche sèche d’un puit s’ouvre sur le port de Paimpol. C’est un œil braqué sur les bateaux, face au large. C’est un cadre dans lequel s’insinue mon regard, m’évoquant un miroir. Je me sens vide et lasse. Mille questions me taraudent. Je traverse une tempête intérieure. J’ai repoussé pour un temps des questions auxquelles il me faut maintenant répondre sur ce personnage qui m’échappe. 

Il veut occuper l’espace sans me révéler ce qu’il est, ce qu’il ressent, ce qu’il espère. Il veut s’écrire seul. Mais si je le laisse faire rien ne se passera. La page restera blanche. Alors j’attends. Je serre les dents et je supporte cet instant qui a duré plusieurs semaines l’année dernière avant de saisir le détail qui a dénoué un chapitre. 

En attendant je fais celle qui baisse sa garde, qui se concentre sur d’autres questions et je l’observe du coin de l’œil, de loin. Il est coriace. Ce jeu l’amuse beaucoup. Moi, il me désespère. Face à la page blanche, j’essaie de me convaincre : il finira par se dévoiler. Mais, il est si loin de moi. Je dois faire des efforts pour le comprendre. Il parle une autre langue. 

Pour me changer les idées, je me concentre sur le mouvement des marées. L’eau qui monte, rapide et silencieuse, devrait m’apaiser. Protectrice, elle ramène les bateaux au port. Mais je suis sans amarres et j’erre sur les vagues profondes, au loin, aux limites de moi. Si j’écoute trop le vent, je risque de me perdre. Mais, il m’apporte un chant. C’est un chant de la mer venu de ce là-bas que je porte en moi. 

Sur la barque cahotante, il est là face à moi, ce personnage revêche. Il entend la musique. Elle semble l’envoûter. Il ne lutte pas très longtemps. Au bout d’un court instant, il chante à son tour. Sa voix est juste et claire. Je comprends chaque mot de cette langue étrangère. J’en ai les larmes aux yeux. Déjà, je l’aime un peu, cet être brutal qui m’a fait tant douter. 

Maintenant, il me raconte, sans jamais me regarder, l’histoire amère de sa vie. Maintenant, le papier se couvre d'encre, de tout le noir que recèle ce cœur sombre. Je pleure et je tremble. Bientôt, il va tout briser. Je me tourne vers la terre ferme dont je distingue les côtes au loin. La tempête approche. Je suis dans son sillon.

dimanche 31 juillet 2016

Vacances


C’est l’heure où l’unique objectif consiste à parvenir en ce bout de bord de mer. Où l’ultime angoisse naît de la participation insidieuse à un jeu collectif où toutes les voitures s’agglutinent au même moment, au même endroit. Où l’humanité cerclée de fer perd son essence. C'est la dernière épreuve avant de mériter la détente. C’est l’heure où le corps s’accorde un peu de repos, ce repos que me refuse l’esprit.

Je les regarde marcher sur la plage, jouer dans les vagues. C’est merveilleux. Il y a tant de joie sur leurs visages. Je pourrai me contenter de cela. Et pourtant, mes pensées reviennent sans cesse à cette forêt imaginée que j’emporte partout. Je joue le jeu des châteaux de sable, des longues marches cahotantes dans les galets. Mais, je ne peux m’empêcher de décrocher un détail, une couleur, un son, un mouvement, un parfum que je pose au creux de ma main comme un trésor. Puis, je continue ma marche en adoptant une posture ordinaire.

Personne ne m’a vu faire ou ne fait mine de m’avoir remarquée. Et dans ma main l’objet résonne, trahit mon silence. Déjà, il éveille une idée. Elle roule dans ma tête, rebondit, change de volume, de couleur, de contour. Je sors mon téléphone pour faire quelques photos. Ce seront des souvenirs où cette idée ne figurera pas. Sur le cliché, il n’y aura que l’édifice, le ciel bleu, le reflet du soleil perçant un nuage et cette adorable grimace pleine de sourire de deux petites filles qui avaient passé l’hiver à réclamer la mer. Ce seront de belles photos.

L’écriture m’appelle, mais je ne me résous pas à l’imposer pendant cette lumineuse parenthèse de temps. J’avance avec un sourire coupable le long de la crique. Le sable s’insinue entre mes orteils. La sensation est douce et me rappelle l’enfant que j’ai été. L’air de la mer plein de ce parfum si particulier vient jouer dans mes cheveux. Je regarde l’entrelacement des galets polis. Je m’imprègne du son des vagues qui s’écrasent sur le sable. Je m’imbibe de la caresse des algues qui nagent à fleur d’eau. Pour un court instant, le besoin d’écrire reste inassouvi.
Pour un court instant...

dimanche 3 juillet 2016

Lumière


Elle dit un de ces mots qui la font rire. C’est un mot qui appartient à l’enfance. Familier. Pas grossier. Un peu bête.

Le mot rebondit dans la maison silencieuse. Je l'entends se cogner contre les meubles, contre les murs. Je fronce les sourcils, dans une posture réclamant le calme : Mélissa fait ses devoirs en bas. Manon s’interrompt et m’observe effrontée, amusée d'avoir lâché le mot, qui s'ébroue quelque part, dans une pièce voisine, comme un jeune chat avide de folies. 

Une seconde et le temps s’arrête. Un rire émerge au bord des yeux de Manon. Je le vois gonfler dans sa gorge. Elle ne résiste pas et le laisse éclater, sonore, s’y abandonne avec délectation. Je la regarde. J'ai devant moi toute la joie de l’enfance incarnée dans une fillette malicieuse. Elle est belle et son rire résonne, un son cristallin dans le silence. Magnifique. Irrésistible.

Maintenant, elle roule par terre en se tenant les côtes. Elle est dans toute la sincérité de l’instant, du merveilleux instant qui s’inscrit dans ma mémoire. Le rire se poursuit. La joie s’étire, se dilate dans la pièce. Elle me frôle, brise mes barrières et rayonne en moi. Je souris, puis ris à mon tour. 

Un son peut-il avoir une lumière ? Le rire envahit la pièce, la maison toute entière, faisant jaillir une lueur irréelle, invisible, dont je sens bien la chaleur. Elle est là partout, bienveillante, rayonnant dans l'écho du rire qui s'apaise peu à peu. Le silence revient et nous nous regardons. Nous avons, avec Manon, le même sourire au coin des lèvres qui fond doucement jusqu'à cet endroit du cœur où s'impriment les moments de bonheur. 

dimanche 26 juin 2016

Atelier d’écriture du 18 juin 2016 : « de l’autre côté du miroir »

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Lectures : poème de Raymond Queneau « La chair chaude des mots », inventaire de Georges Perec « J’aime, je n’aime pas », extrait de Mon traitre de Sorj Chalandon

Exercices d'écriture :

  1. Sur le modèle de Pérec, faire un inventaire de 7 « J’aime » et 7 « Je n’aime pas » avec des mots hétéroclites
  2. Choisir un élément dans chaque liste (en gras dans le texte)
  3. Ecrire un texte contenant ces deux éléments et commençant par « C’est l’histoire de… »
  4. Ecrire une scène de montré-caché : montrer les états d’âme du personnage par son regard sur l’extérieur, sans nommer ce sentiment
  5. Lier ces deux textes en un seul


Je traverse le salon où les filles jouent en faisant murmurer des personnages imaginaires. Sans les interrompre, je me faufile dans la cuisine. Il est midi pile. La table est déjà mise, j’ai juste oublié les petits couverts colorés de Manon. Sur la plaque, une casserole d’eau salée attend que j’allume le feu pour se mettre à bouillir. C’est un répit dont semble se réjouir le sachet de pâtes fraîches qui penche crânement contre le pot de spatules. Saluant lui aussi ce sursis, un rayon de soleil éclaire la pièce tout à coup. Il se ménage malicieusement un espace entre les nuages. J'entends le four qui préchauffe en ronronnant. C’est une berceuse au zénith du jour qui accompagne le murmure des filles.
C’est l’histoire d’un voyage.
Je profite de cet instant de calme pour lire un article dont le titre avait attiré mon attention ce matin : « Souvenir de Martinique. Itinéraire d’un écrivain créole. » Il s’agissait d’un texte qui croisait la critique d’un roman et l’histoire de l’île à travers le parcours du personnage principal. J’avais posé le magazine sur un coin du buffet en espérant qu’une parenthèse de silence me permette d’en faire la lecture.
Le miracle se produit, étonnement juste avant l’heure du déjeuner. La fin de matinée est souvent propice aux disputes, caprices et autres chicaneries, mais pas cette fois. Convaincue que l’instant sera fugace, j’ouvre le magazine, cherche la page en retenant mon souffle et me mets à lire avidement. Un passage retient immédiatement mon attention. Il est question d’un parc à la végétation d’un « vert hypnotique. » D’un vert hypnotique. Cette simple expression me fait voyager.
Aussitôt, je m’approprie l’endroit. Je dessine à la hâte un personnage que je pose là, au milieu des bougainvilliers. Sous ses doigts, j’inscris la caresse des herbes hautes. Je mets dans ses cheveux l’odeur de l’huile de coco. Je m’amuse de voir ses yeux se plisser face aux rayons du soleil. Je suis sur le point d’étendre le tableau à une mangrove là-bas, à une maison de style colonial plus loin, lorsque, me sortant brusquement de ma rêverie, j’entends, dans la pièce voisine, les cris stridents de Manon.

dimanche 19 juin 2016

Evidence


Salma a lu mon roman. Nous nous sommes vues cette semaine pour en parler. Sur le chemin, j’avais peur de ce qu'elle allait me dire. Et puis, je me suis rappelée que j’allais voir Salma, qu’elle trouverait les mots. Ce serait moins difficile à entendre. En même temps, je m’accrochais au souvenir de mes personnages. Je les ressentais, comme un écho, dans ma poitrine. Ils me soufflaient que rien ne pourrait advenir de mauvais, qu'ils étaient assez solides maintenant pour revendiquer leur droit à exister. Je baignais mon appréhension dans cet état de confiance.

dimanche 12 juin 2016

Atelier d'écriture du 4 juin 2016 : écriture d'une nouvelle

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Cette séance fut plus longue : marathon de 5h30 avec, à la clé, l’écriture d’une nouvelle. 

Lectures qui ont ponctué la séance : « Seul le vent » poème de Laurent Gaudé, extrait d’ « Une chambre à soi » de Virginia Woolf, extrait de « Joseph » de Marie-Hélène Lafon, extrait de « Dans la main du diable » de Anne-Marie Garat, extraits de « Neuf histoires et un poème » de R. Carver


L'empreinte

Je ne sais plus. Que lisais-je déjà ? Moi qui aime tant lire, qui notifie scrupuleusement chaque impression de lecture, comment ai-je pu oublier précisément celle-là ?
Au-dessus de ma tête, le vent faisait danser les branches des arbres. Il était bienveillant. Il faisait silence en moi. Tout s’était éteint alentour, à l’exception du vent qui soufflait doucement sur les pages de mon livre pour me rappeler sa présence. Peut-être voulait-il me distraire. Mais ses tentatives restaient vaines, j’étais imperturbable. Perdue dans un ailleurs créé par un autre, je me laissais bercer par les mots, les images que le récit faisait naître dans mon esprit. Le paysage que mes pensées traversaient m’échappe, mais je me souviens de la sensation : je voyageais, immobile, dans un écrin de verdure préservé de toute temporalité. Je parcourais le monde à l’abri dans mon corps.

dimanche 5 juin 2016

Final

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Depuis une semaine, je me suis résolue à le poser. J’étais partagée entre la hâte, l’impatience et l’appréhension. Et puis, il a fallu que je me rende à l’évidence. A la fin de la dernière ligne, mes mains sont restées sur le clavier, immobiles. C’était terminé. Après tout ce temps, tous ces mots jetés sur le papier, toute cette encre, ces cahiers noircis, ces kilo-octets de fichiers, ces courriers ébauchés, ces couvertures achevées… Après tout cela, j’aurais terminé ? 

dimanche 29 mai 2016

Atelier d’écriture du 28 mai intitulé : "Couleurs"



Quelques séances d'atelier se profilent avant l'été. Encore. Enfin. 
Nous avons exploré hier l'univers des couleurs. Nous nous sommes improvisés peintres des mots.

  • Lectures : Voyelles d’Arthur Rimbaud, extrait de Retour au calme « Les couvreurs » de Jacques Réda, extrait de L’étranger d’Albert Camus, Bonhomme bleu marine d’Anne Sylvestre, extrait des Soucis du ciel de Claude Roy et observation de la peinture de Monet : La femme à la robe verte
  • Exercices successifs :

  1. Faire une liste de 10 couleurs. En choisir une.
  2. Attribuer à cette couleur 3 adjectifs, 3 noms et 3 verbes. Ne retenir qu’un adjectif, un nom et un verbe. 
  3. Premier travail d’écriture : écrire 5 lignes ayant pour titre la couleur choisie et intégrant les 3 mots retenus. 
  4. Second travail d’écriture : écrire une suite au texte 1 où apparaît un personnage-couleur.
  5. Troisième travail d’écriture : après une lecture en binôme des textes écrits, réécrire le texte ou écrire une suite prenant en compte les remarques échangées (ressentis, critiques et développements proposés).


ROUGE
Soleil éclatant des soirs d’été,
Cœur de chaleur qui illumine la flamme,
Plaie écarlate d’une muette douleur,
Nuance extraite du fond de la nuit,
Rouge, tu fascines, tu effraies, tu rayonnes. 
Et quand tu t’animes, c’est toute la lumière, toute la chaleur qui auréolent ton mystère.
Je t’appelle Rouge quand d’autres te donnent un prénom ordinaire. Ils voient tes cheveux et l’éclat de tes yeux, mais ils ne te voient pas comme je te vois moi. Ils se laissent bercer par la douceur d’un ciel bleu ou sourient tendrement face aux près verdoyants. Ils te fuient du regard, n’osent te fixer longtemps, comme si tu étais un soleil flamboyant. L’instinct leur dicte une conduite mais ils n’osent aller au bout du raisonnement. Le supporteraient-ils seulement ? Car, Rouge, tu es l’ambivalence, à la fois douceur et violence. 
Je t’observe en silence bel éclat écarlate dans l’écrin d’une pièce sombre. Je ne vois pas ton visage. Tu as perdu ton corps. Tes cheveux incandescents sont le seul indice de ta présence. Je ne vois pas tes yeux, mais je sens ton regard, doux rayon rougeoyant. Tu attends que je partes et que la nuit s’achève. Tu attends le soleil, il célèbre ton heure, il ramène la couleur et l’éclat de ton rire. Tu attends de pouvoir étirer tes nuances sur l’épais fil du jour. Tu laisseras éclater le rose et l’oranger. Tu seras vive et sombre quelle que soit la saison. Le règne des couleurs chantera tes louanges. Tu attends tout cela qui arrive bientôt. Patiemment repliée, petite goutte grenat, tu scrutes la lumière, dans la roche de la nuit.

dimanche 22 mai 2016

Lunaire

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Elle est là, devant moi. Mais son regard est ailleurs. Son corps est immobile, entièrement happé par la vision qu’elle s’invente. Je suis fascinée que ce monde, bruyant et animé, ne parvienne pas à la retenir. Par quel truchement parvient-elle à s’extraire de cette pièce  qui, moi, me colle au réel ? J’aimerai la suivre dans cet ailleurs qui n’existe que pour elle, que je ne connais pas et en même temps, j’ai peur. Elle est encore si petite pour entreprendre un tel voyage. Elle n’a pris aucun bagage. Retrouvera-t-elle le chemin du retour ?

dimanche 15 mai 2016

Cet anniversaire que l'on ne fêtera pas

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Voilà un an que vous êtes partie. 
Même ici, je ne me résous pas à vous tutoyer. J’entends encore votre rire, votre voix. Si je ferme les yeux, je vois votre visage et pourtant, voilà un an que vous êtes partie.

mercredi 11 mai 2016

Lecture

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Il y a des moments qui vous remplissent et de joie et de peur. C'est pleine de cette ambivalence que je me suis rendue hier à la médiathèque Ernest Coeurderoy de Tonnerre où étaient organisées les rencontres littéraires Beyrouth/Bourgogne, animées par Salma Kojok. J'avais hâte de découvrir les amis de Salma, venus du Liban pour visiter la Bourgogne et partager leur amour des mots. J'avais hâte d'entendre des extraits de leurs textes. J'avais hâte de revoir Salma et mes amis de l'atelier d'écriture. Mais, j'étais tétanisée à l'idée de sortir de mon sac la feuille de papier qui contenait une part si lourde de ce que je tenais pour moi seule depuis 5 ans.

dimanche 8 mai 2016

En fumée


L’histoire l’appelle. C’est un moment rare, elle ne se précipite pourtant pas. Elle enroule ses cheveux, puis les laisse retomber dans son dos ; elle aime la sensation de ses cheveux qui coulent dans son dos. Elle se lève du bord du monde où elle repose toujours et fredonne cette mélodie de mystère dont elle se pare souvent. Je connais cette chanson maintenant. Je sais l’amour perdu et l’espoir de le voir revenir. Toute à cette nostalgie, je n’ai pas osé lui dire, que ça n’arrivera pas.

dimanche 1 mai 2016

Paume

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Je tends la main, dans un geste machinal. Sa petite main se glisse dans la mienne, sans un mot, sans un regard, comme attirée par un aimant. Nous marchons dans cette rue, traversons une route. Mon cœur palpite, je pressens le danger qui nous frôle. Je veux être un rempart, mais je suis plus fragile puisqu’elle n’a pas cette peur.

dimanche 24 avril 2016

Le fil

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Une idée se pose comme une feuille d’automne sur la terre, avec toute cette légèreté et ce silence. Je pourrai bien ne pas la voir, marcher dessus ou la laisser voltiger au gré de la prochaine brise. Mais je la regarde, je ne peux m’en empêcher, je ne vois qu'elle sur mon chemin. Sa chute a attiré mon œil. Maintenant je l'observe, fascinée, et sa solitude me bouleverse. Détachée de son arbre, est-elle désormais vouée à la décrépitude ? Non, j’imagine l’avenir qui s’ouvre grâce à elle : la terre devient fertile, nourricière, et engendre de nouveaux fruits. Ce n’est pas la fin. Ce n’est que le début. 

dimanche 17 avril 2016

Lutter


Reflet de la réalité, dans les fictions, on voit souvent, on lit souvent des histoires dans lesquelles les hommes et la Terre sont comme deux entités opposées. L'espace est un enjeu d'occupation pour l'être supérieur doté de parole. La Terre est une proie à soumettre, un défi de conquête pour l'homme. Il veut comprendre, dominer, étendre son territoire, améliorer l'œuvre de la nature qu’il juge imparfaite, corriger ce qu'il juge être les imperfections. Il veut laisser sa trace et écrase sous ses pas les fruits de sa propre survie.

dimanche 10 avril 2016

Secondaire...


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Elle est une ombre dans mon roman, un personnage secondaire. Je n’ai donné à son visage que de vagues traits. Peu lui importe, elle sait qu’elle est belle. Sa propre opinion lui suffit. Le moment venu, elle joue son rôle, se pose sur les lignes, lance en sautillant sa réplique, puis, presque sans qu’on s’en aperçoive, sort du chapitre sur la pointe des pieds. On pourrait oublier son apparition. On se concentre sur les personnages principaux, ils  occupent toute la place.

dimanche 3 avril 2016

Tentation

Sépia

Comme un papillon fasciné par le silence, j'ai été tentée par le repos. J’ai eu envie de me laisser couler vers l’oisiveté. J’ai eu la tentation de laisser l’ordinateur là, sur un coin de meuble. Il a pris un peu la poussière. Et j'ai poursuivi mon petit quotidien.

Mon corps a éprouvé ce besoin, cette tension vers l’oisiveté. Dormir. Ne pas me dresser aux premiers frémissements du réveil alors que le soleil est encore à venir sur la ligne d’horizon. Mes paupières étaient lourdes. J’éprouvais une telle fatigue. Mais, au réveil, les chaînes étaient là, encore, autour de mes poignets. Leur poids devenait une angoissante douleur. J'avais perdu la volonté de les briser.

mercredi 23 mars 2016

Atelier d’écriture du 19 mars 2016 : Fenêtres sur le monde

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En littérature, les fenêtres sont des zones de contact entre deux mondes distincts : l’intérieur et l’extérieur, le dehors public et l’intérieur intime. La fenêtre dilate l’espace, montre les bruits, les odeurs, les images.

dimanche 20 mars 2016

Atelier d’écriture du 12/03/2016 : les turbulences du corps 2/2


Voici le deuxième temps de l'atelier d'écriture du 12 mars, animé par Salma Kojok. Le premier texte Histoire d'un visage était un portrait en mouvement. Etendons maintenant la toile au corps tout entier. Outre les textes lus en introduction de ce temps d'écriture, je me suis particulièrement intéressée au titre de l'atelier : les turbulences du corps.

mercredi 16 mars 2016

Atelier d’écriture du 12/03/2016 : les turbulences du corps 1/2


Je retrouve, en mars, Salma Kojok pour deux ateliers d’écriture. 
Le 12 mars, nous nous sommes intéressés au corps. La séance fut dense, avec deux propositions d'écritures sur le visage puis sur le corps. J'ai écrit deux textes très différents que j'ai choisi de mettre en ligne en deux temps pour leur laisser à chacun une place bien distincte.  

Introduction : Ecrire le corps c’est dire le personnage, ses émotions, ses transformations, dans ce qu’il a de plus intime. La joie, la douleur du corps, c’est aussi quelque chose d’universel.

dimanche 13 mars 2016

La page blanche


"Vous avez une adresse mail ? Vous avez de quoi noter ?"

J'avais besoin des informations que cette association voulait m'envoyer, mais comment expliquer ma retenue première à sortir le carnet de mon sac, en arracher une page pour y écrire mon mail et la donner enfin à cette personne ?

mercredi 9 mars 2016

Atelier #4 : Trahison


Nous voici au 4e atelier d'écriture organisé par le blog d'une étoile rêveuse. Le thème de la semaine est la trahison. Voici les 10 mots à placer : silence, douleur, cicatrice, poignard, sacrifice, trahison, profiter, briser, aimer, soutien.
J'aurais pu me lancer dans la trahison amoureuse, mais je me suis souvenue...

dimanche 6 mars 2016

Lui donner corps


Nouveau chapitre. La scène s'ouvre sur un lieu inconnu. J'accompagne mon personnage. Je découvre par ses yeux les contours de l'endroit. Tout se dessine à l'approche de son regard. Les détails prennent une forme évanescente dans la pénombre. Je vois où je suis, où je dois aller. Le cadre est posé.

jeudi 3 mars 2016

Nouvelles lettres...


Si nous posions quelques chiffres au milieu des mots ?
Mon petit blog, lieu où éclosent mes errances créatives, a 3 mois. 22 articles sont publiés à ce jour, soit 2 publications par semaine, et déjà il dépasse les 1300 vues (promis ce n'est pas moi qui clique pour gonfler ces stats !).
C’est beaucoup ou c’est peu, tout cela est affaire de point de vue. Ce que je vois, c’est que mes textes intéressent, interpellent, trouvent écho, créent un dialogue avec d’autres écrits, d’autres auteurs, des amis lecteurs... C’est une alchimie inattendue et merveilleuse qui se compose en ce moment.

mercredi 2 mars 2016

Atelier #3, thème « Maman »


Cette semaine, sur le blog-d-une-etoile.over-blog.com, le thème de l'atelier d'écriture porte sur "la maman." Les mots à intégrer sont les suivants : vie, lumière, joie, amour, sourire, ange, chaleur, cœur, âme.
Ce sujet qui me semblait facile à la première lecture, m'a en fait un peu remuée. J'ai eu envie de faire de ce texte un message d'amour pour deux adorables chipies, alors j'ai effectué une petite pirouette : j'ai parlé d'une mère, mais ce n'est pas la mienne...

dimanche 28 février 2016

La danse des mots


Le sujet s'impose. Il trône en haut de la page blanche. Il attend que je pose à ses pieds des mots. Au bout de quelques minutes, quelques heures, quelques jours parfois, ils se mettent en branle. C'est à peine une vibration au début. Il faut avoir l’œil pour apercevoir le premier mouvement, le premier frisson des mots.

mercredi 24 février 2016

Atelier #2 : Nuit d'amour





Cette semaine, le blog-d-une-etoile propose d'écrire un texte à partir de l'image ci-contre. C'est un vers en alexandrin qui m'est venu hier et tout le poème s'est composé sur cette musicalité. Le voici : 




dimanche 21 février 2016

La déchirure


On porte tous en soi une blessure. Tous. Quelque chose qui nous marque et ne nous quitte jamais. Ce peut-être la perte d'un être cher ou celle, plus triviale en apparence, d'un objet dans lequel nous avions mis une part de nous-même. Un rêve brisé ou des amours déçues. Nous avons tous cette petite déchirure dans l'armure, que l'on masque du mieux que nous pouvons, mais qui est là et qui se rappelle à nous les soirs de fatigue. La vigilance tombe et elle se fraie alors une place dans nos cauchemars, cette douleur. Elle s'évapore au matin et nous laisse tout le jour, en souvenir, un goût amer.

mercredi 17 février 2016

L'amitié


Au hasard de mes errances numériques, je découvre une initiative d'atelier d'écriture sur le blog-d-une-etoile.over-blog.com. Le principe est simple, sympathique, alors je joue le jeu...

dimanche 14 février 2016

5 ans


5 ans. C'est la durée de ma vie d'écrivain. A peu près. Je ne connais pas ma date de naissance exacte. Je me souviens seulement de ce besoin dévorant d'écrire qui a peu à peu envahi mon quotidien et je l'ai estimé à 5 ans. C'est arrivé doucement. Quand j'ai fermé le premier cahier, dont je venais de remplir les lignes, j'ai compris qu'il se passait quelque chose de fondamental en moi et que cela s'opérait déjà depuis plus longtemps.

mercredi 10 février 2016

Pause



Salma est partie pour quelques semaines au Liban, suspendant le rythme des ateliers d’écriture. Les samedis retrouvent un goût d’ordinaire. Que faisais-je alors avant de connaître Salma ?

dimanche 7 février 2016

Gagner du temps


Tromper l'impatience
Mon manuscrit que je croyais terminé, me semble maintenant ponctué d'imperfections. Mon regard a changé. Je me suis détachée un peu de ces pages soigneusement empilées. J'ai mis de côté mon petit ego ainsi que mon gros affect. Je retrousse mes manches et me penche avec ma toute nouvelle exigence sur le papier à griffonner.

mercredi 3 février 2016

Atelier d'écriture du 30 janvier 2016 : « Lieux croisés »


Dans ce dernier atelier d’écriture, Salma nous propose d’explorer la richesse des lieux : territoires de l’enfance entre imaginaires et mémoires réinventées, paysages que l’on porte en soi, géographies entrevues au détour d’un chemin, d’un voyage, d’un visage… Nous allons chercher à comprendre comment tous ces lieux se croisent dans l’écriture.

dimanche 31 janvier 2016

Cet instant-là


Du néant émerge l'idée, comme sortie de nulle part. Je ne l'ai pas appelée. Rien dans ma journée n'a provoqué cette idée et pourtant, elle est là. Elle se débat, elle veut sortir de l'espace étroit de mon esprit pour s'étirer en longs filets sur le papier. L'idée veut devenir mots. 

Le moment arrive, rempli de calme et de silence, de poser le texte sur le papier. Une phrase hésitante d'abord, qui se cherche, se formule, dans un ordre incertain. L'idée se drape de lettres qu'elle essaie, dépose, remplace par d'autres, comme autant de vêtements. C'est un jour important, il faut que son entrée en écriture soit remarquée. Je doute, je ne sais pas, je la laisse faire. Elle est sûre d'elle, cette idée. Elle sait qu'elle doit exister. Elle sait comment elle doit exister.

mercredi 27 janvier 2016

Atelier d'écriture du 23 janvier 2016 : « Les bruits du monde »



Avant dernier atelier d'écriture et je fais une pause dans le tumulte du week-end pour me replier une fois encore à la médiathèque de Tonnerre. Aujourd'hui, Salma Kojok va nous parler des bruits du monde, va nous lire l'expression du bruit, va nous guider pour faire résonner le bruit dans notre écriture.

samedi 23 janvier 2016

Vivre au grand jour


Autour du personnage initial décrit dans l'article Le chaînon manquant, se sont mis doucement à évoluer d'autres êtres, humains ou non. Certains ont trouvé très vite une forme et une fonction dans leur nouvel écosystème. Ils étaient là, savaient d'instinct quoi faire, où aller. Ils se sont mis à me dire ce qu'ils voulaient de moi. Le fait que je leur préfère le personnage initial, principal, ne les gênaient pas. Ils ne demandaient qu'à exister, même modestement.

Et puis, d'autres sont apparus. Une minorité fort heureusement. Je devinais leurs ombres, leurs silhouettes. Ils restaient cachés, à bonne distance de moi. Ils fuyaient le dévoilement de la description ou refusaient le destin que je voulais leur tisser. Ils avaient leur existence propre et ne voulaient pas être modelés.

mercredi 20 janvier 2016

Atelier d'écriture du 16 janvier 2016 : « Clair-obscur »


" Il y a un temps où ce n'est plus le jour, et ce n'est pas encore la nuit. [...] Ce n'est qu'à cette heure-là que l'on peut commencer à regarder les choses, ou sa vie: c'est qu'il nous faut un peu d'obscur pour bien voir, étant nous-mêmes composés de clair et d'ombre. " Christian Bobin, Lettres d'or.

Me voici au troisième atelier d'écriture animé par l'auteure Salma Kojok.
J'arrive fatiguée, ayant trop veillé ces dernières nuits. J'ai peur de ne pas être disponible pour écrire cette fois. L'ombre de la feuille blanche plane au-dessus de ma tête. Je tremble. Le froid y est pour quelque chose, sans doute, mais pas seulement.

dimanche 17 janvier 2016

Le chaînon manquant


J'ai posé cette nature mue par une volonté propre dans Cette image obsédante. Maintenant, faisons un pas de plus dans mon univers romanesque. Je ne voulais pas me limiter à un face à face homme / nature animée qui me paraissait trop calqué sur la réalité. Je voulais complexifier les choses et ajouter un nouveau protagoniste.

mercredi 13 janvier 2016

Atelier d'écriture du 9 janvier 2016 : « Les personnages »



« À peine né à notre conscience, chaque personnage souhaite naître de nouveau, autrement. Il veut naître au langage, s’y déployer, y respirer. S’y exprimer » Sylvie Germain, Les personnages.

J'ai participé samedi 9 janvier 2016 au second atelier d'écriture animé par Salma Kojok à la médiathèque de Tonnerre. Après l'exil, nous avons abordé cette fois le thème des personnages.

dimanche 10 janvier 2016

Cette image obsédante...



Dans l'article "Pourquoi ? Comment ?", j'évoquais une image saisissante qui m'avait suivie du rêve au réveil, plusieurs jours durant, il y a 5 ans. Une vague monumentale s'élevait face à un personnage seul, perché en haut d'une falaise. Ce tableau de l'immensité face à un être minuscule s'est enracinée dans mon esprit.

mercredi 6 janvier 2016

Ecrire en atelier


La vie est faite de hasard qu'il faut saisir au vol parfois... J'écris tous les jours, j'aime ça terriblement et quand je n'écris pas, je pense à mille éléments et formulations à faire évoluer dans ma relecture en cours. Et voilà que dans mes préoccupations du moment, la perspective d'une rencontre avec une auteure et professeure universitaire libanaise se profile, juste là, à deux pas de mon bureau ! Alors je me dis que c'est une chance à ne pas laisser filer et je me rue, le samedi 21 novembre 2015, à la médiathèque pour écouter Salma Kojok, récemment installée près de Tonnerre, présenter son premier roman, "La maison d'Afrique".