J'ai animé le 10 décembre un atelier d’écriture sur le thème de l’eau et plus particulièrement : l’eau comme miroir de l’âme.
L'eau est en effet un élément propice à la création poétique. La variété des formes de l’eau en fait un miroir de l’âme humaine, une matière propice aux sentiments multiples.
1. Lectures de passages extraits de l’introduction de L’eau et les rêves de Gaston Bachelard
Retenir 5 mots ou expressions et les replacer dans un petit texte de 5 lignes
2. Lectures de Romances sans paroles de Verlaine et du Rythme des vagues (extrait du Cahier Rouge) de Coppée.
Retenir 5 mots ou expressions et les replacer dans un texte qui sera la suite (ou pas) du premier texte.
Voici ma production du jour :
Elle chante, l’eau vive.
Elle me ramène dans ce passé lointain que je croyais oublié. Dans les contours de sa voix, dans les ondulations de sa musique, le souvenir revient. Elle emporte ma pensée dans ses flots lents et calmes. Elle est l’âme songeuse dans les échos du temps et je suis à nouveau l’enfant discrète et sage qui jouait dans les plis d’une forêt d’autrefois. Je me perds une fois encore au bord des eaux dormantes. Je revois les galets qui rebondissaient sur l’onde, dessinant de longs cercles éphémères sur les flots immobiles.
Je ressens à nouveau la mélancolie de ces jours d’été où je cherchais l’ombre pour fuir la trop lourde chaleur. Avide de solitude, je me recroquevillais sous les arbres figés. Et dans un silence effarant, je rêvais de mouvement. J’imaginais le bruit, le fracas, les falaises. J’inventais des paquets de mer lourds. Par l’esprit, je les portais du bout de mes bras courts jusqu’à ce morceau de terre fait de sonores cailloux, de stridents coquillages. Je jetais au large les vagues gigantesques et les regardais revenir, monstrueuses, droit vers moi, en tremblant de rire. Elles ralentissaient à mes pieds pour se rouler, comme des chiens fous sur la plage inventée.
Je faisais d’une mare une mer toute entière. Je respirais le vent qui sifflait dans mes cheveux, embaumant la forêt du sel des océans. Je naviguais à son bord vers des terres mythiques. Et une fois découvertes, j’inventais d’autres lieux pour partir encore vers de nouvelles quêtes. Je voyageais alors sur des chemins brumeux que je croyais connus de moi seule. Et, ce soir, après tout ce temps, l’eau vive chante encore. Elle murmure mes errances, comme un aveu complice de mémoire partagée.